Un assistant sexuel accompagne le plaisir sensuel, érotique ou sexuel des personnes en situation de handicap qui en font la demande.
L'accompagnement sexuel est assuré par des hommes et des femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, pratiquant la prostitution ou exerçant dans les milieux paramédicaux, sociaux et médico-sociaux. Cela peut aller du simple corps à corps à la pénétration, en passant par la masturbation.
L'accompagnement sexuel est apparu aux États-Unis durant les années 1970, il existe aux Pays-Bas, en Allemagne, au Danemark, en Belgique, en Autriche, en Suisse, en république Tchèque, au Japon.
En France l'assistance sexuelle est assimilée à de la prostitution car l'accompagnateur est payé. La rémunération permet de poser un cadre et de proposer une formation à ces accompagnateurs
Accompagnement sexuel en France
En 2007 le grand public a découvert ce débat suite au colloque "Dépendance physique : intimité et sexualité" organisé au Parlement Européen. Des personnes en situation de handicap se sont exprimés sur leurs revendications et leurs besoins, en matière d’accès au plaisir et à la sexualité.
En 2013 Roselyne Bachelot, ministre de la Santé s’y oppose. Le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) rend un avis défavorable: "Délivrer un service sexuel à la personne handicapée entraîne des risques important de dérives, relève le CCNE en rejetant tout "angélisme". "D'une part, les bénéficiaires sont des personnes vulnérables et susceptibles d'un transfert affectif envers l'assistant sexuel", relève-t-il. D'autre part, rien ne peut assurer que ce dernier ne va pas lui-même se rendre vulnérable "par une trop grande implication personnelle dans son service". Le CCNE considère qu’"il n’est pas possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain."
Après des propositions de deux députés en 2011 et 2013 restées sans suites, c'est en Février 2020 que Sophie Cluzel, secrétaire d’état chargée des personnes handicapées, se dit favorable à l’accompagnement sexuel et réouvre le débat en saisissant le comité
national d'éthique.
national d'éthique.
Le comité devrait vraisemblablement rendre ses conclusions en 2021. Dans l’hypothèse où son avis serait favorable, le gouvernement devrait alors faire évoluer la réglementation.
Handicap et sexualité
La légalisation d'un statut d'accompagnateur sexuel est réclamée de longue date par l'APPAS, l'Association pour la promotion de l'accompagnement sexuel, qui a formé depuis plusieurs années 18 aidants, dont quatre hommes. Activité qui reste illégale, L’association et les demandeurs risquent des sanctions pénales.
La personne handicapée physiquement n'est pas toujours en mesure d'avoir un compagnon, et quand elle est en couple, lorsque le handicap apparait il est souvent une cause de rupture.
Le handicap mental est encore plus problématique pour avoir une vie sexuelle.
La personne handicapée a souvent besoin d’une aide humaine pour manger, se laver, s’habiller, se coucher, alors pourquoi la sexualité est-elle oubliée?
Pourquoi la santé sexuelle (établi par l’Organisation mondiale de la santé, c’est un état de bien-être physique, émotionnel, mental associé à la sexualité) parait évidente pour les personnes valides et pas pour les personnes invalides? Le tabou sexuel n'épargne pas le monde du handicap, notre société a du mal à envisager que la personne handicapée puisse avoir des envies, du désir et des besoins sexuels.
Les personnes handicapées ayant eu recours à ces services expliquent que le besoin va au delà du rapport sexuel. Elles définissent cela comme un pied à l'étrier: après plusieurs rencontres de ce type la personne handicapée a plus confiance en elle même, a une meilleure estime de soi et reprend progressivement une vie sociale qui la conduit à faire des rencontres sentimentales.
Depuis la médiatisation de cette question, des féministes et intellectuels se sont prononcés contre toutes les propositions en faveur des accompagnateurs sexuels.
«La sexualité humaine ne peut se concevoir que libre et gratuite», écrivent-ils. Une formule paternaliste et théorique qui dénie à la personne handicapée le droit le plus élémentaire à jouir de son corps même amoindri.
Ilham Seghrouchni