lundi 24 mai 2021

Sexualité et religion: pratiques religieuses et libertés individuelles

Lorsque l'on parle de la sexualité et de la religion c'est surtout pour parler d'interdits. Est-ce la réalité ou l'image que nous nous en faisons?
Les trois religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam conçoivent la sexualité dans le cadre d'une relation hétérosexuelle d'un couple uni par les liens du mariage. L'homosexualité est interdite considérée comme une abomination. La chasteté est une obligation pour arriver vierge au mariage, l'adultère et les relations sexuelles hors mariage sont interdites.


Le Judaisme
Le Talmud énonce explicitement que les relations sexuelles sont un droit pour la femme et un devoir pour le mari. Celui-ci a donc l’obligation de satisfaire sexuellement sa femme. Si la sexualité n'est pas restreinte à la procréation en dehors des périodes de menstruation, il n'en demeure pas moins que s'y adonner plusieurs fois uniquement pour le plaisir est déconseillé. 
Rabbi Nahmanide au 13e siècle dans son commentaire du Lévitique. Si la Torah autorise les relations sexuelles pour le plaisir physique des époux, cela ne signifie pas qu’il n’y ait aucune limite à ce qui est permis. Nahmanide considère que les individus ne doivent pas se comporter comme des lapins et passer leur temps à avoir des relations sexuelles tout simplement parce que la Torah ne l’interdit pas »
Selon les interprétations des rabbins on aura plus ou moins de permissivité dans son approche du rapport sexuel

La masturbation
Les textes y voient une faute, une perte de semence impardonnable, pour la femme c'est globalement toléré. La fellation est interdite toujours dans l'idée qu'il est interdit de perdre la semence
La contraception
La loi juive considère que la contraception va à l’encontre de deux prescriptions, l’obligation de fructifier et se multiplier et l’interdiction d’émettre la semence en vain 
Par contre la femme n'est pas tenue par ces prescriptions et peut avoir recours à la contraception. Une petite entourloupe qui permet ainsi d'avoir une contraception dans le couple.
Les pratiques sexuelles
Menstruation: il y a abstinence sexuelle pendant les périodes menstruelles et également post-menstruelle. Un bain purificateur doit être pris par la femme le 7ème jour après la fin de ses règles avant de reprendre des rapports sexuels. Selon la femme les périodes permettant d'avoir des rapports sexuels est de facto limité.
Les positions sexuelles sont limitées à la position classique du missionnaire, la levrette est explicitement interdite.
Mais là encore les interprétations des plus radicaux viennent parasiter le message religieux, par exemple les extrémistes juifs prônent le rapport sexuel à travers un drap à trou ou des habits à trou, alors qu'aucun texte n'y fait référence. La Torah recommandant de faire l’amour peau contre peau.


Le christianisme
Le christianisme a un rapport plus compliqué avec la sexualité, le fils de Dieu est née d'une femme vierge, il y a 12 apôtres et les femmes qui étaient pourtant présentes ne sont pas citées et les évangiles n'abordent jamais la sexualité.
Le rapport sexuel est vu comme un acte qui éloigne de Dieu et de la spiritualité.

Longtemps l'Eglise a considéré la sexualité exclusivement comme un moyen de procréation mais a du reconnaitre que la sexualité était nécessaire. L'Eglise a un temps édicté des règles autorisant le rapport sexuel selon le calendrier liturgique, les relations sexuelles sont interdites durant les menstrues mais également le dimanche, durant les 3 carêmes chacun de 40 jours, les mercredi, vendredi, jours de deuil .... 
Si les chrétiens devaient respecter toutes ces interdictions il n'y aurait que 91 à 113 jours par an où les rapports sexuels seraient autorisés. 

La masturbation et la fellation sont considérées comme des péchés. 
La contraception est globalement interdite, avec des exceptions chez des mouvements protestants
Les pratiques sexuelles réglementées et limitées à la position du missionnaire
A la fin du XIXe siècle, l’Église perd son autorité politique. Les obligations religieuses sont alors cantonnées au cercle privé et non imposées par une autorité politique via des lois.

L'islam
L'islam est la religion qui a le moins de problème avec la sexualité liée au plaisir, contrairement à l'image renvoyée par les pays musulmans et certaines personnes se réclamant de l'islam
La masturbation, la fellation, la contraception sont autorisées.
Mis à part la sodomie toutes les positions et pratiques sexuelles sont autorisées. La sodomie n'est par ailleurs pas interdite dans l'islam chiite.
Les textes islamiques regorgent de conseils sur les préliminaires sexuels, et sur la possibilité d'user de toute son imagination lors d'un rapport sexuel.

Or 14 siècles d'exégèse masculines machistes ont gravé dans les esprits le caractère tabou de la sexualité avec des interprétations qui ont donné une image machiste et violente du rapport sexuel dans le couple. Ainsi le verset considéré comme autorisant l'époux à imposer le rapport sexuel à son épouse et qui légitimerait le viol conjugal, est en fait un verset qui arrive dans un contexte où des femmes posent des questions sur la position de la levrette au prophète Mohamed, qui leur répond par ce verset 
« Vos femmes sont pour vous comme un champ de labours. Allez à vos champs comme vous l’entendez. »Coran 2 - 223
le champs de labour fait allusion à un rapport vaginal susceptible d'être fécond, et "comme vous l'entendez" fait allusion aux positions sexuelles et non pas à un rapport imposé par le mari.
Il aura fallu attendre que des exégètes femmes prennent ces textes en main pour avoir des interprétations  plus proche de la réalité.


Peut on concilier sa pratique religieuse avec les libertés individuelles au quotidien?

Après ce petit résume de ce que disent les textes, qu'en est il des croyants? appliquent ils tous ces textes à la lettre que ce soit dans les pays avec ou sans religion d'état? jouissent il de leurs libertés individuelles?
En France en 2021 en dehors des milieux juifs et chrétiens radicaux et extrémistes les personnes de ces confessions ne sont pas focalisées sur la pratique religieuse et le respect de tous les préceptes liés à la sexualité, ce n'est plus une obligation sociale au sein de ces groupes. Ils usent sereinement de leurs libertés religieuses.

Par contre une majorité de français musulmans, même les non radicaux, sont très attachés à la pratique des préceptes islamiques, notamment ceux liés à la sexualité, pas uniquement pour eux-mêmes mais pour tous les musulmans de leur environnement. C'est un critère tellement ancré au sein de cette communauté que la moralité de la personne musulmane est associée à sa pratique religieuse. Ces français s'autocensurent quand ils ne censurent pas autrui et ne profitent pas des libertés religieuses octroyées par la société. Certains optent pour l'hypocrisie sociale pour ne pas se mettre à dos leur environnement.
Pourquoi? est ce du à la jeunesse de cette religion? 

Ne doit-il pas y avoir une contextualisation radicale qui ne limite plus la sexualité au cadre marital? En quoi user de ses libertés individuelles peut il porter atteinte à sa foi ou ç celle des autres?
Faut-il une contextualisation qui sépare la spiritualité des interdits religieux plus terre à terre?
Le chemin est encore long: on demandait à l'imam et recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne Azzedine Gaci quelle serait sa réponse à de jeunes musulmans sur la chasteté imposée par l'islam, sa réponse fut de proposer une facilitation des mariages

La pratique rigoureuse des préceptes religieux est elle compatible avec la société française?


Débat à suivre Mardi 25 mai 2021 sur Maquis Pluriel




Ilham Seghrouchni - Libre Parole

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