dimanche 17 octobre 2021

Episiotomie, violences obstétricales et sexualité

Qu'est ce que l'épisiotomie?

L'épisiotomie apparait dans les textes dès le XVIIIème siècle en Europe. En 1921 l'épisiotomie est fortement recommandé dans la liste des recommandations pour l'accouchement.

L’épisiotomie consiste à sectionner la muqueuse vaginale et les muscles superficiels du périnée. Coupure de 2,5 cm à 5 cm de long faite dans le bas du vagin, entre le vagin et l'anus. L'objectif est d'augmenter l’ouverture de la vulve et ainsi faciliter le passage du bébé au moment de l’accouchement.
Elle doit être faite sous anesthésie locale, l'effet de la péridurale s'étant en général estompée à cette étape de l'accouchement

Après l’accouchement, l’incision est refermée à l’aide de points de suture. Selon la qualité de la suture les douleurs seront plus ou moins forte et sur la durée.

Pourquoi pratiquer une épisiotomie?
  • risque de déchirures du 3e ou du 4e degré du vagin jusqu'au rectum
  • détresse respiratoire du bébé bloqué par un muscle du périnée
  • rapidité du travail, gain de temps pour le personnel médical
  • une déchirure nette serait plus facile à recoudre qu'une déchirure naturelle
Risques de l’épisiotomie
  • douleur et enflure à l’endroit où la coupure a été pratiquée
  • infection
  • perte de sang plus importante
  • risque accru de déchirures profondes du périnée dans certaines situations
  • douleur lors des relations vaginales

Statistiques

Depuis les années 1990 le nombre d'épisiotomie dans le monde a augmenté significativement surtout chez les femmes primipares.

Cette prévalence varie d'un pays à l'autre:

Suède 9.7%
Taiwan 100%
Portugal 72%
France, Allemagne, Suisse 30%

En France le taux d'épisiotomie varie selon les régions:

Île De France 21,4%
Centre-Val de Loire 20,9%
La Bourgogne-Franche-Comté, la Guadeloupe et la Guyane < 10%

Ces différence prouvent bien que cet acte est beaucoup plus lié à un contexte hospitalier et à une politique de santé qu'à une nécessité médicale

L'OMS recommande de ne pas dépasser 10% d'épisiotomie

Peut-on éviter l'épisiotomie?

Les risques de déchirures du 3e ou du 4e degré invoqués pour justifier l'épisiotomie sont faux. En effet les déchirures du 1er et du 2e degré sont les plus fréquentes, surtout chez les femmes qui accouchent pour la première fois et sont bénignes. Les déchirures du 3ème et 4èmes degré se produisent environ dans 0,4% des accouchements selon l'OMS et elles sont souvent associées à l’utilisation de forceps, de ventouses ou de bébé de plus de 4 kg.

Des méthodes existent pour éviter l'épisiotomie mais elles sont chronophages pour le personnel médical ou perturbe leurs protocoles figés dans le marbre
  • pousser en position couchée
  • appliquer une compresse chaude sur le périnée et exercer une pression pour soutenir le périnée au moment où la tête de bébé s’y appuie
  • préparer et connaitre sone périnée en période pré-natale
  • massage avant et pendant l'accouchement

L'épisiotomie est-elle une violence obstétricale?

Le 21 mars 2014 Isabelle Alonso, militante féministe parle dans son blog du "point du mari". Elle publie un texte d’Agnès Ledig, une sage-femme alsacienne qui explique que certains médecin vont recoudre l'incision en rajoutant un point de suture pour rétrécir l'ouverture du vagin. "Je vous fais un petit point du mari, Madame ? Pour vous, ça ne change rien, mais votre mari sera content".

Le monde médical ne reconnait pas ce point du mari et explique que les sutures seront différentes d'un médecin à l'autre ou d'un interne en médecine à un autre.
Le tabou est levé et on parle de la violence de l'épisiotomie.

Pourquoi l'épisiotomie peut être ressentie comme une violence obstétricale?

La violence obstétricale reste un tabou et est surtout difficile à définir. Ce mot n'existe pas dans les textes de loi, les juristes spécialisés dans ce domaine parlent de "tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente".

Beaucoup de femmes subissent cette épisiotomie sans avoir été informées, sans anesthésie quand la péridurale ne fait plus effet. Les sutures se font parfois à vif sans anesthésie. La violence est là.

Le personnel médical par manque de temps, d'information, d'empathie n'explique pas en amont ou durant l'accouchement cet acte chirurgical. Certaines femmes ont même été maintenues de force car elles se débattaient pour comprendre pourquoi le chirurgien allait pratiquer l'épisiotomie.

La parole s'est libérée, de plus en plus de femmes se renseignent sur leurs droits durant la grossesse. Les cliniques qui proposent des accouchements naturels avec une disponibilité du personnel tout en ayant la sécurité médicale ont beaucoup de succès.

La violence obstétricale est ressentie dans le manque d'information, et les femmes primipares ne s'en rendent compte que plusieurs mois après, une fois qu'elles gèrent mieux leur bébé. 

La violence obstétricale concerne toute la prise en charge de la grossesse, la position couchée imposée durant tout le travail, les contrôles de la dilatation du col de l'utérus par les sages femmes sans ménagements, sans prévenir, sans intimité etc....

Episiotomie et sexualité

Avant de reprendre des rapports sexuels, physiologiquement pour une épisiotomie ou déchirure qui ont été bien recousues, il faut attendre que la plaie soit cicatrisée soit de 15 jours à 4 ou 5 semaines selon les cas.
Certaines religions et cultures n'autorisent la reprise des rapports sexuels que 40 jours après l'accouchement.
Rappelons qu'en cas de césarienne il faut aussi faire attention car la plaie interne sur l’utérus ne cicatrise qu’en 3 semaines à 1 mois.

Dans les cas des épisiotomies ratées ou avec des sutures supplémentaires le rapport sexuel est impossible sans douleurs.
Certaines femmes doivent être opérées pour enlever ce point de suture. Des femmes témoignent d'une perte définitive de leur libido.

Par ailleurs le traumatisme psychologique peut jouer dans la baisse de libido même en absence de traumatisme physiques.


Les femmes prennent de plus en plus en main leur accouchement et connaissent leurs droits après des décennies durant lesquelles elles ont été infantilisées et convaincues que "avoir mal c'était normal, et puis le bébé va bien, donc la ferme".
Une meilleure formation à l'humain des médecins permet aussi de changer les mentalités, il reste à donner les moyens humains à ce domaine de la médecine qui donne la vie.







Liens utiles: 


"Les violences obstétricales, c’est quoi ?"






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